Bons de la coopérative de consommation de Limoges, XIXe siècle

Bons de la coopérative

Ces bons pour 20, 50 ou 100 francs en marchandise témoignent de l’histoire de l’Union de Limoges, de 1881 jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Cette coopérative de consommation a fortement marqué le paysage de la ville grandissante de Limoges et de ses faubourgs immédiats. Les allégories féminines de l’abondance qui figurent au dos des bons, chargées d’une brassée d’épis de blé et d’un panier débordant de fruits, reflètent la dynamique prospère du Limousin à cette époque.

« Le présent bon peut être utilisé dans tous les magasins de vente de la Société où il sera reçu comme argent comptant » peut-on lire au recto des billets. En effet, pour les sociétaires limougeauds de l’Union, ces bons – émis par la Société contre l’argent déposé dans un établissement financier agréé – leur permettent d’accéder aux produits du quotidien à des tarifs imbattables dans les magasins coopératifs.

L’Union, « société civile anonyme coopérative à personnel et capital variables fondée à Limoges le 20 novembre 1881 » (verso des billets), est l’une des plus importantes coopératives de France à la fin du XIXème siècle (cf. J-M-A Paroutaud). Un mouvement de création de coopératives (de consommation comme de production) se fait jour après la Révolution de 1848, mais surtout dans le Nord-Est de la France. Aussi l’Union de Limoges est-elle une exception marquante dans le paysage. Toujours partage-t-elle l’objectif des autres coopératives : acheter en gros des biens de consommation et les revendre au meilleur prix aux sociétaires. « On se débarrasse des vampires intermédiaires qui pullulent dans la consommation » lit-on à l’époque.

Avec une verve commerçante de bon aloi, les bons de l’Union reprennent à leur compte la devise des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas : « Un pour tous, tous pour un ». Celle-ci traduit une ambition sociale caractéristique des villes ouvrières dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Nous n’en faisons que mieux la différence entre les bons de coopératives et les billets de nécessité, avec lesquels ils sont parfois confondus.