Le poids de l’opium

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Originaire du bassin méditerranéen, Papaver somniferum (ou pavot somnifère) est connu et utilisé depuis l’Antiquité ; on fabrique l’opium à partir de son latex, et de là de nombreux dérivés aux effets psychotropes divers. Utilisé principalement dans l’élaboration de médicaments pour ses effets sédatifs, l’opium va toutefois devenir l’objet de divers abus, tant dans sa consommation que dans ses échanges commerciaux. 

Ainsi, une convention internationale de l’opium se tient en 1912 à la Haye pour tenter d’en réglementer la production et la circulation, notamment par la répression de la contrebande et la prohibition de « l’usage de l’opium dans les maisons d’amusement et les maisons publiques. »

En France, la loi du 12 juillet 1916 punit le commerce, la détention et l’usage de diverses substances, dont l’opium. En France métropolitaine, toutefois : dans ses colonies et particulièrement en Indochine, il en va autrement. La Régie de l’opium va d’ailleurs effectuer, justement en 1916, des rentrées d’argent représentant 40% du budget de l’Indochine. 

C’est ainsi qu’en 1943, l’Administration des douanes et régies de l’Indochine commanda à l’atelier monétaire d’Hanoï de créer des monnaies afin d’effectuer des achats d’opium au Laos et au Tonkin : le tael (aussi nommé « bya » ou « beng ») est né, pièce ronde en argent 900‰ d’un poids de 38g pour 41mm de diamètre et 7mm d’épaisseur. Quant au demi-tael, il pèse 19,2g pour 34,7mm de diamètre. Ces pièces ont été frappées en 1943 et 1944, années de leur circulation. Dans la même période, deux variantes plus rares dites « à tête de cerf » et « à tête de chevreuil » ont circulé, donnant lieu à la fabrication de faux. 

Nous pouvons enfin préciser que le terme générique tael désigne en Asie des poids avoisinant les 36g.